Tout le monde à l’eau !

L’été est là ! Et que rêver de mieux pour en profiter qu’un joyeux moment de lecture les pieds dans l’eau ou les orteils enfouis dans le sable chaud ? 

Enfin les vacances ! Léonie savoure sa première journée à la plage, explore les trous d’eau visibles à marée basse et récolte de jolis trésors. Très concentrée à trier ces derniers, elle lance par inadvertance un coquillage ébréché par-dessus son épaule, qui va heurter le crâne d’un corbeau ronchon, un brin revanchard… et surtout qui s’y connait en sortilège ! Ni une ni deux, il transforme la petite fille en bernard l’hermite pour lui donner une bonne leçon !
Paniquée et risquant de se faire écrabouiller, Léonie court vite se réfugier dans une des mares salées du littoral, dont elle va rencontrer tous les habitant·es riquiquis et vivre un voyage à taille de puce (d’eau).

Deuxième tome des péripéties à la fois minuscules et ébouriffantes de notre aventurière en herbe, Léonie coquillages et crustacés nous replonge dans l’univers tendrement facétieux d’Elsa Bordier et d’Élodie Shanta (Résine). En rapetissant ainsi leur héroïne, elles nous invitent à découvrir des mondes fourmillants et trop souvent oubliés, sur lesquels nos actions humaines peuvent avoir de lourdes conséquences. Si déplacer un caillou semble anodin à notre échelle, ce simple geste peut déranger un crabe en pleine sieste. Et c’est encore pire lorsqu’on laisse trainer un déchet, qui s’avère dangereux pour la faune aquatique qui croira y trouver de la nourriture. 

Avec humour et finesse d’esprit, cette bande dessinée jeunesse éveille les lecteurs et lectrices à conscientiser l’importance de leurs actes et à leur impact dans la nature. En sensibilisant les enfants au respect des animaux marins peuplant la plage, Léonie coquillages et crustacés met l’accent sur la préservation d’un écosystème à la richesse fragile.
De plus, impossible de ne pas craquer devant la farandole de personnages tous plus mignons et rigolos les uns que les autres ! Et vous, quelle est votre petite bête préférée cachée dans ce joli album ?

D’Elsa Bordier, illustré par Élodie Shanta
Nathan, collection Bande dessinée
48 pages

Au cœur d’une charmante forêt, un meunier et sa femme vivent paisiblement, loin du besoin. Mais les affaires tournent mal et le couple voit, impuissant, son bonheur s’effriter. Un matin, alors que l’homme se lamente au bord de l’étant voisin, une mystérieuse silhouette surgit de l’eau. Longs cheveux aux reflets d’or, peau nacrée et beaux yeux couleur de pluie, l’ondine sortie des profondeurs vient proposer lui un marché. D’une voix cristalline et envoûtante, elle lui promet prospérité et bonne fortune en échange de la prochaine naissance de la ferme.
Le paysan accepte, songeant à la couvée de poussins qui lui fournirait une monnaie d’échange. Il est bien loin d’imaginer que sa femme va accoucher de leur premier enfant avec plus d’un mois d’avance, quelques heures seulement après son entrevue avec la créature aquatique…

Aimé et choyé, Joachim grandit donc auprès de ses parents dont les affaires sont florissantes comme jamais. Si tout ce petit monde semble heureux, le père continue néanmoins d’être hanté par le pacte effectué avec l’ondine. Mais les années passent, Joachim devient un homme fort et sûr de lui, et avec le temps les vieilles superstitions s’estompent. Toujours un peu retissant à s’approcher de l’étang contre lequel son père l’a mis en garde pendant toute son enfance, il va finalement y tremper ses mains, persuadé que toute cette histoire n’est qu’une fable inventée pour lui faire peur… L’ondine, qui a patienté toutes ces années, va alors s’emparer de Joachim pour l’entrainer avec elle, dans les profondeurs troubles de sa demeure.
C’est Hannah, la femme de Joachim, qui va se lancer à son secours, remuant ciel et terre pour rompre le sort qui emprisonne son bien mari. Sensible à sa détresse et surtout à la foi qu’elle porte en la magie, la gardienne de la forêt va lui prêter main forte et l’aider à sauver son bien-aimé.

Septième volume de la collection des Merveilleux contes de Grimm publiée par Les Aventuriers de l’étrange, L’Ondine de l’étang nous entraine dans la touffeur mystique de sous-bois, lieu propice aux secrets et au fantastique. Dans cette adaptation moderne d’un récit assez peu connu vieux de près de deux siècles, l’autrice Anna Aparicio Català mêle sa palette de couleurs subtilement féériques à une romance relevée d’un brin d’humour. On y retrouve tous les ingrédients des histoires traditionnelles : cœur brisé, malédiction, bonne fée et sauvetage de l’être aimé… mais ici ce sont les femmes qui ont un rôle majeur ! En effet, sans sa fiancée ou encore l’aide de la sorcière des bois, Joachim serait resté ad vitam aeternam à barboter au fond de la mare. En plus du courage et de la patience, Hannah incarne également l’héritage des contes et des légendes, l’importance que l’on doit prêter au récit de nos aïeul·es. 

Ainsi, tout en faisant contrepied au schéma classique du prince charmant sauvant sa belle aux abois, L’Ondine de l’étang offre un panel de protagonistes féminins de tout âge, rôle ou condition et aux caractères et destins nuancés.
Un joli album dépoussiérant les codes avec juste ce qu’il faut d’humour et de romantisme, porté par une mise ne page dynamique et d’illustrations pétillantes.

D’Anna Aparicio Català
Les aventuriers de l’étrange, collection Les merveilleux contes de Grimm
64 pages
Caroline