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Carys Davies – West

West est le premier roman de l’auteure anglaise Carys Davies, après deux recueils de nouvelles, inédits en France. Elle a remporté le Frank O’Connor Award en 2015 et de nombreux autres prix pour ses nouvelles et son premier roman.

John Cyrus Bellman, veuf, père d’une fille, Bess, n’a qu’une idée en tête. Dans le journal, il est fait mention de la découverte d’ossements gigantesques dans l’ouest des États-Unis, dans le Kentucky. Le sortant de son deuil et de sa profonde mélancolie, cette information devient rapidement sa nouvelle obsession, au point qu’il décide de laisser sa fille sous la surveillance de sa sœur et de prendre son cheval pour aller dans l’ouest sauvage.

« Toute cette histoire avait allumé une étincelle en lui »

Une aventure dans l’Ouest américain du dix neuvième siècle aussi dangereux que fascinant. La découverte d’hypothétiques animaux géants qui auraient échappés au regard de l’homme. Une aventure qui, en parallèle, impose l’absence du père à Bess et se voit dans l’attente et l’espoir du retour de ce dernier.

West pourrait se résumer ainsi, un roman de l’espoir. L’espoir de Cy, le père, de faire une découverte importante et de devenir célèbre par cette dernière, l’espoir de redonner un sens à sa vie après la mort de sa femme. Mais il s’agit aussi de l’espoir de Bess, celui de revoir son père dans deux ans, quand elle en aura douze. Une croyance obstinée envers ce dernier et le succès de son expédition.

Faisant allusion à la célèbre expédition Lewis & Clark de 1804, West parcourt les étendues sauvages entre le Mississipi et le Missouri. Cy Bellman, allant d’aventures en mésaventures, oscillant entre l’espoir et le désespoir, dans une obstination toute naïve et poussant à l’aliénation du héro en devient, petit à petit, poignante et vibrante.

Quant à Bess, nous suivons la construction d’une enfant devenant femme plus tôt que prévu, une émancipation forcée qui va déterminer le reste de sa vie. Un regard dur et sans concession de cette période rude envers les filles et les femmes.

Le rapport à la transmission est vraiment intéressant dans West. Les lettres et croquis de Cy , qu’il envoie à sa fille, leurs mésaventures pour arriver à destination, et l’importance qu’elles finissent par revêtir, donne un sens sacré au dialogue et à l’échange.

Dans un style élégant et sobre, Carys Davies nous fait voyager dans l’Ouest américain à la rencontre d’un monde oublié et d’un autre perdu. Un texte court, se lisant rapidement, mais qui reste en tête bien après la fin de sa lecture.

«  A travers l’épais tissu du rideau tiré devant son lit, Bess n’avait pas pu voir son père décrire à Elmer Jackson et à sa tante Julie l’itinéraire qu’il prévoyait d’emprunter jusqu’aux étendues sauvages de l’Ouest. Mais elle était restée éveillée, les yeux grands ouverts, à l’écouter parler de l’autre côté du tissage grossier et à demi illuminé du rideau, tentant de se représenter les centaines et les centaines et les centaines de kilomètres et les innombrables difficultés, les dangers, les découvertes palpitantes et fascinantes et toutes les choses nouvelles qu’il allait rencontrer entre l’endroit où elle se trouvait, ce soir-là, et la destination de son père. »

Éditions Points,
trad. David Fauquemberg,
175 pages,

Ted.

À propos Ted

Fondateur, Chroniqueur

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