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Clark Ashton Smith – Hyperborée & Poséidonis

Clark Ashton Smith est très probablement l’un des auteurs du magazine « Weird Tales » les moins connus dans notre pays. De ce mythique magazine, l’on se souvient surtout d’ Howard P. Lovercraft, Robert E. Howard ou encore de Tennessee Williams. Pourtant l’auteur eu connu un premier petit succès en France lorsque il fut publié une première fois, mais dès lors, il retomba dans l’oublie. C’était sans compter sur la maison d’éditions Mnemos qui se lança dans une vaste entreprise de réhabilitation en regroupant et publiant les œuvres de l’auteur.

Après “Zothique” et “Averoigne et autre monde”, c’est au tour d’Hyperborée & Poséidonis, soit les nouvelles les plus « Lovecraftienne » de l’auteur, de connaître sa parution dans la collection poche Hélios. Plongez-vous dans l’étrange, l’inquiétant, le merveilleux et le satirique en une vingtaines de nouvelles et poèmes.

“Hyperborée & Poséidonis” invite au voyage, convoquant les récits d’explorations, vous suivez des personnages souvent en quête, cupide ou non.  Des personnages plongés dans le merveilleux ou l’étrange, l’auteur nous pousse à découvrir les travers de l’humain, notamment sa vanité vis-à-vis du monde. Explorant les temps immémoriaux de deux cités antiques et mythiques, l’auteur s’offre la possibilité d’explorer autant la géographie que l’imaginaire, ne limitant son monde qu’à ce que lui impose son imagination. De la grandeur née de son esprit, il n’en n’oublie pas moins le style et l’écriture d’une élégance aussi rare que subtile et intelligente.

« Et viendra un matin, au tréfonds du désespoir, où je partirai pour cette terre où elle m’appelle, rechercher la suprême et terrible béatitude de ses blanches immensités, et périr au creux de ses horizons inviolés. »

Comme le souligne très justement, dans son excellente postface, le critique littéraire et spécialiste de la littérature de l’imaginaire, S.T.Joshi, Clark Ashton Smith a souffert de la critique de l’époque. Alors que la tendance est au réalisme social des années 20, avec Lewis, Fitzgerald, Dos Passos ou encore Hemingway, C.A. Smith, tout comme son confrère Lovecraft était en rupture avec son époque et ce qu’il écrivait n’était, dès lors, plus jugé pour sa richesse stylistique ou la profondeur des récits, mais relayé à une vulgaire littérature puérile.

Et pourtant, la richesse, il y en a, une écriture fine et raffinée, non dénuée de style, bien au contraire même, un univers aussi vaste que l’immensité du cosmos et un esthétisme qui n’a rien à envier à Lovecraft ou Robert E.Howard. Ce qui a joué contre lui a très certainement contribué à le pousser à se surpasser et il est intéressant de voir un univers prendre en profondeur et en puissance en avançant dans les nouvelles d’Hyperborée ou de Poséidonis.

La couverture est un tableau du peintre polonais Zdzislaw Beksinski, et je me permets d’en parler ici, car rarement, une couverture aura été aussi pertinente. Beksinski questionnait énormément sur le pouvoir et les limites de l’imagination, toute sa vie durant, il tenta de repousser les limites et interrogea les tréfonds de l’esprit en quête d’une forme primitive et absolu de l’imaginaire, un monstre tapis au fond, une forme première qui symboliserait l’Homme en un tout. Clark Ashton Smith, comme Lovecraft, a passé sa carrière à repousser cette limite autant esthétique qu’imaginative. Hyperborée et Poséidonis sont autant des cités antiques que les symboles de ce que l’esprit peut construire de plus démesurément grand et puissant.

La parenté avec Lovecraft est facile et volontaire, tant les univers fonctionnent ensembles et sont liés par un certains nombres de grands anciens. Mais l’on pourrait aussi comparer la richesse de l’univers de l’auteur à la démesure de l’univers de Dune d’Herbet, il y a cette même notion de grandeur et d’infini qui parcours ses récits.

Éditoins Mnémos,
Poche Hélios,
Trad. Vincent Basset,
264 pages,

Ted.

À propos Ted

Fondateur, Chroniqueur

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