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Guillaume Dorvillé & suf marenda – Mettre la gomme

Guillaume Dorvillé et suf marenda proposent avec Mettre la gomme un livre avec une forme inédite. Initié durant la résidence de Samuel Rochery à la maison de la poésie de Rennes, ce livre propose une vision double d’une poésie du monde moderne vue depuis les années 90 et 2000. Il ne faut pas se fier au titre, ce n’est pas seulement une histoire de vitesse, mais aussi de toute une culture dont les deux poètes sont imprégnés et qu’ils restituent avec franchise, sans soucis de clarté ni de pédagogie. Même si les deux versions de Mettre la gomme sont bien différentes, chacun des deux auteurs écrit pour mieux creuser un sillon à part entière, une écriture qui se joue de l’effet pour mieux démontrer de la liberté d’écriture.

Guillaume Dorvillé est en quête de cette génération de trentenaires qui a connu le début d’un capitalisme débridé. Cette époque est comparable à une compétition de vitesse, avec son lot de destruction sociale et de déshérence idéologique. De son côté suf marenda semble adressé comme une réponse au premier, avec son propre style beaucoup plus complexe, explorant beaucoup plus une veine pseudo-poétique et se moquant de la grandiloquence assimilée à ce genre littéraire. Les deux poètes ne produisent pas ce que l’on peut attendre avec la poésie et parlent de sujet bien loin des grands thèmes.

Mettre la gomme est comme une mise à l’index de cette société ringarde, qui croît continuer un art littéraire tandis que le monde autour se peuple de consommateurs et d’hommes en recherche d’identité masculine dérisoire. Guillaume Dorvillé et suf marenda utilisent tous deux un ton libre et très souvent humoristique. Ils semblent vouloir être en phase avec le monde dans lequel ils évoluent, sans chercher à épater la galerie ni à se vanter d’être en dehors d’une société marchande. Mettre la gomme est bien plus un objet littéraire libre qu’une poétique underground se voulant à la pointe de la modernité. Il y a une forme de modestie dans les trouvailles littéraires de Guillaume Dorvillé et suf marenda.

Cette modestie est au service d’un exercice peu commun. Le livre est un moteur à deux temps, en débutant d’abord par un texte pour ensuite aller voir son autre face. Il semble que l’on peut lire le livre par n’importe quel bout. Mettre la gomme résonnera toujours par cette tonalité double ou les deux poètes font résonner la triste mélodie d’un moteur d’une voiture de sport chromé sur le parking d’un supermarché. Pour qui a connu les après-midi de désuétude dans les villes rurales et périurbaines, ce livre trouvera un écho particulier. Pour les autres, ils pourront comprendre ce qu’il y a de beau à écrire à partir d’un monde triste à la dérive.

 

Éditions Vanloo

72p

Adrien

 

 

image de bandeau : Dariusz Sankowski / pixabay

À propos Adrien

Passionné de poésie contemporaine et attaché à l'écriture sous toutes ses formes, engagée ou novatrice.

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