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Lydia Millet – Magnificence

La conclusion de la trilogie de Lydia Millet, commencée avec « Comment rêvent les morts », puis le crépusculaire « Lumières Fantômes ». Magnificence sonne le glas de cette trilogie et est peut-être le roman le plus tortueux et lumineux de Lydia Millet.

Magnifiquement traduit par Charles Recoursé et toujours publié dans la prestigieuse collection Lot 49, Magnificence revient sur Susan, la même Susan que Lumière fantôme, mais sans son mari, mort poignardé à l’étranger. Emplie de culpabilité quant au destin funeste d’Hall, pensant que ses nombreuses tromperies ont poussé son mari à partir et à mourir, c’est une Susan assassin en quête de repentir qui hérite de la mystérieuse demeure de son oncle. Oncle qu’elle ne connaissait que très vaguement, et dont l’héritage suscite une grande surprise. Une demeure à la démesure d’un Taj Mahal hollywoodien, remplie d’animaux empaillés, des chambres à thèmes et un mystérieux sous-sol qui devrait exister, mais n’apparaît nulle part.

« En une seconde l’existence entière peut basculer dans l’inconnu ; il suffit d’un seul évènement. On put penser n’être qu’une masse de particules au milieu de tout le reste, une masse qui s’échange, petit à petit, avec d’autres masses, puis soudain, pris de court, on ne connaît plus que la torpeur de la séparation. »

La force de Lydia Millet réside dans sa finesse d’analyse, d’analyse des sentiments, des doutes, des culpabilités, des relations entre hommes et femmes, parents et enfants. D’une intelligence rare, son traitement de l’aspect humain n’est pas sans rappeler Don Delillo et William Gaddis – D’ailleurs l’obsessionnel oncle qui possédait un piano mécanique n’est pas sans faire penser à un certain agonisant de Gaddis dans Agonie d’Agapè-. D’un langage riche, imagé, faisant souvent l’économie des dialogues pour faire la part belle aux nombreuses introspections, le texte laisse le lecteur s’imbiber de l’ambiance de la demeure, de la compagnie de ses animaux empailleés, et accepte et même commence à apprécier cette solitude.
Peut-on vivre avec ces fantômes, ses échecs ou ses regrets, voila toute la pertinence de Magnificence, quant à la Susan renaissante dans cette maison une ode à la vie sans pathos et d’une incroyable clarté.

Lydia Millet traduit par Charles Recoursé ce n’est que du bonheur, c’est plonger dans les abymes de l’être et accepter de s’y perdre. Un roman beau et rempli de vie.

9782749132051Le Cherche Midi,
Collection Lot 49,
Trad. Charles Recoursé,
270 pages,
Ted.

À propos Ted

Fondateur, Chroniqueur

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