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Ulrike Lune Riboni – Videoactivismes

Pour le clin d’œil envers l’autrice Ulrike Lune Riboni, à l’heure où cet article prend forme, nous sommes dans une phase politique tendue, bercée par son tumulte de la réforme des retraites entre autres. Mais plus que ça, nous sommes encore imprégnés par le scandale de Sainte-Soline, qui fut sans commune mesure, une réponse disproportionné d’un gouvernement face à une action militante. Et c’est bien dans ce contexte-là que le support vidéo permit de mettre à mal le narratif gourvenemental, le faisant begayé. Nous pensons forcément aux tirs de LBD en Quad, qui n’aurait jamais existé dans un premier temps, mais qui finalement, lorsque les vidéos ont commencé à apparaitrent en Story, sur Facebook, Youtube, puis que la presse s’en empara, obligea ce même gouvernement à revenir sur ses déclarations.

Cet exemple en introduction, n’est qu’un exemple parmi d’autres, tant la culture vidéo, lié au progrès des smartphones, a permis de rendre possible le témoignage, sans montage, et en direct, ou quasiment, de militant ou non-militant, mais présent lors d’événements.

Ulrike Lune Riboni – maîtresse de conférences en science de l’information et de la communication à l’université Paris 8 Vincennes-Saint Denis ainsi que membre du centre d’études sur les médias, les technologies et l’internationalisation (CEMTI) – évoque les récentes révoltes des femmes en Iran, suite à la mort de la jeune Masha Amini. Une révolte par la vidéo, qui inonda littéralement les réseaux sociaux, affichant publiquement la honte et le dysfonctionnement d’un gouvernement iranien face à sa mauvaise foi et ses contradictions. Ce point de départ, en guise d’avant-propos, nous propose de rentrer dans son dernier essai, à savoir «  Vidéoactivismes, contestation audiovisuelle et politisation de l’image ».

Ainsi Ulrike Lune Riboni, remet en perspective le rôle de l’image dans la contestation, et comment ce medium se développa dans les mouvements militants. Partant du constat, qu’aux origines, cinématographique et photographique, l’image était problématique, dans le sens ou cette dernière imposait un idéal, souvent consumériste (vous pouvez lire en complément sur ce point-là « La fabrique du consommateur » » d’Anthony Galluzzo, éd. La Découverte ), mais aussi en imposant un idéal mâle hétéro blanc, plutôt bourgeois, etc… Invisibilisant par la même occasion les chinois, les noirs, les arabes, les indigènes, les LGBT etc… Autre problème dans la culture par l’image, le fait de l’objectification de la femme, qui contribua très largement à maintenir et à enfermer cette dernière dans des attentes et des rôles au service de cet idéal pictural décrit plus haut. Un problème qui persiste et qui fut encore pointé du doigt par le collectif 50/50.

Mais comme tout d’abord un objet hétérodoxe, et surtout, in fine une contre culture, d’autres artistes et/ou militant, s’emparèrent de l’objet filmique, pour servir des propos contestataires et politiques. Proposant, bien malgré les intentions de départ, des formes pas forcément efficace, dans certains cas, privilégiant l’artistique à l’efficacité d’information. Une problématique se confrontant également à une seconde, celle de la visibilité, en effet, ces films souffrait d’un grand problème de diffusion, et finalement, n’atteignait pas leur cible.

Ceci étant dit, une fois le contexte mis en place, l’autrice s’intéresse avant tout, et surtout, à l’évolution de l’image contestataire et militante, et comment les mouvements sociaux politisés ou non, avec les bons technologiques, on réussi à s’emparer de cet outil pour dire par l’image ce que l’on ne croyait pas à l’oral.

Internet devenant un outil international de diffusion redoutable, et l’émergence des Réseaux sociaux, devenant le point d’orgue de cette pratique, car ici les intermédiaires de diffusion n’étant pas regardants, permirent la diffusion, souvent dans l’urgence, sans montage, et parfois sans contexte, de ce nouveau format de documentation et d’information par le fait.

Et c’est bien tout le cœur de ce livre, comment un medium est devenu une forme d’activisme, comment il a évolué et s’est transformé en un outil de « vérité », venant regulièrement en conflit avec le discour du pouvoir en place par la preuve de l’image. Car en devenant tous vidéaste « amateur » et en nous faisant le relais des informations capturées sur le terrain, nous documentons, montrons et contestons par l’image, et ce, de manière quasi-quotidienne.

Vidéoactivismes est passionnant par son érudition, et la somme d’informations mise à disposition du lecteur, en proposant une lecture de cette forme de contestation dans son histoire et ses mutations, jusqu’à cet outil universel qu’il est aujourd’hui, L’autrice nous plonge dans plus de 50 ans d’histoire et d’activisme et démontre avec brio l’importance de la vidéo à l’ère des smartphone et de Tik Tok.

Éditions Amsterdam,
205 pages,
Ted.

À propos Ted

Fondateur, Chroniqueur

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