Souvent, quand on mêle le thème de l’amour et de l’écriture, le cliché et la caricature semblent inévitable. Pourtant la Revue Sabir n°4 et son thème « Histoire d’amour » y réchappe par un savant choix de textes provenant d’auteurices de tout horizon et de tout âge. Pauline Allié, Lucie Guien, Eva Anna Maréchal et Maud Marique ont réussi à créer un espace libre permettant à des textes de toute forme de s’épanouir, comme on façonne une terre pour y planter de la végétation. Sabir est une collection de textes, qu’ils soient poésie, théâtre ou récit. Le thème du n°4 permet aux lecteurices de découvrir une palette élargie du sentiment amoureux. Celle-ci est sans oubli ni débordant de faux-semblant.
On peut lire dans l’édito les coulisses de la conception de ce numéro. Les quatre revuistes y échangent les étapes de réflexion pour aboutir à ce numéro sur un groupe de discussion. Cet édito donne le ton : drôle, engagé et ouvert d’esprit. Chaque texte que l’on peut lire dans ce numéro de la revue Sabir apporte un regard neuf sur le sentiment amoureux. Ils déjouent tout le paternalisme d’une littérature où ce thème est plus souvent le prétexte à étaler sa domination à la face du monde. Sabir insuffle un nouvel élan, celui que la nouvelle génération espère depuis longtemps, libérée de l’oppression patriarcale, hétéronormée et validiste.
Le n°4 de la revue Sabir se savoure partout autant par une personne peu habituée de la littérature, aussi exigeante soit-elle, que par celleux qui guettent les évolutions de l’écriture contemporaine. Ainsi, de Lucie Taïeb à Lénaïg Cariou, en passant par Max Cabatéo, Sabir est comme un kaléidoscope construit en mot sur les histoires d’amour. Aucun besoin d’image pour faire transparaître les questions primordiales qui découlent de ce sujet.
Sabir s’inscrit clairement dans la lignée des grandes revues comme la revue If, Nioques ou Banana Split. Ainsi, le texte de Liliane Giraudon qui clôt ce numéro résonne avec force et d’une manière particulièrement touchante. La poète y livre une déclaration à Jean-Jacques Viton, mort en mars 2021. Cet hommage touchant inscrit Sabir dans cette succession. C’est une revue pouvant plaire aux novices et être aussi savoureuse pour les lecteurices plus exigeant-e.s.
175p
Adrien
Image du bandeau : © Lola Pertsowky