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Tim Canevas couverture

Tim – Canevas

Chaque tout est composé d’une multitude d’éléments n’ayant pas toujours conscience du rôle qu’ils jouent. Une peinture n’est autre qu’un travail de touches picturales qui n’ont pas de sens dans leur individualité de même qu’un corps est l’œuvre de milliers de cellules fonctionna en complémentarité.
Le terme canevas s’emploie pour désigner une trame, un ensemble de points formant un tout. Ainsi, si l’on pense à la toile ouvragée, chaque fil et ligne ont leur importance dans le rendu final, que l’on admire en prenant du recul.
Tim tisse les pelotes de vies de ses personnages dans une bande dessinée chorale tout à la fois singulière et maitrisée, en partant d’histoires parallèles paires et impaires qui se percutent et s’influencent pour donner naissance à Canevas.

image Tim Canevas

Tout commence avec la rencontre entre une jeune fille en conflit familial friande d’Urbex (passion partagée avec l’auteur lui-même, comme on peut le voir au travers des autres livres à son actif) et Églantine, une maison abandonnée qui a des choses à raconter.
Non loin de là, dans le village de Patelin-en-Essonne, des faits assez inhabituels bousculent le quotidien tranquille des habitant·es : des démons fraichement débarqués des enfers se lient d’amitié avec des mamies autoritaires, tandis qu’un vaisseau extraterrestre a besoin de jus de pomme pour regagner un combat intergalactique. Sans compter que des débris d’origine inconnue tombent du ciel et menacent de réduire en bouillie les villageois·es !

Ces récits, qui semblent n’avoir aucun point commun les uns avec les autres, s’influencent pourtant et tissent une toile liée par un fil rouge unique. Dans Canevas, Tim distingue l’histoire paire (celle de la maison-âme Églantine et de la jeune fille) de celles impaires  aussi bien par la narration que par le style graphique.

Tim Canevas image
Dans la première, on lit le triste destin des conflits familiaux et des guerres historiques tandis que les autres se déroulent plus comme des saynètes absurdes que philosophiques. Tim opte pour un dessin en noir et blanc très hachuré et travaillé pour le dialogue entre son alter ego féminin et la vieille demeure en ruine : ce style proche de la gravure évoque le drame qui habite les lieux, mais surtout la nostalgie et le devoir de transmettre. J’y ai vu un hommage aux anciennes maisons abandonnées qui tombent en poussière en silence, vouées à disparaitre au profit d’infrastructures sans âme.
Les récits impairs sont quant à eux réalisés au feutre, dans l’univers très coloré et cartoonesque de l’auteur. Mais si l’humour et l’aberration y sont présent·es, ce n’est que pour mieux mettre en scène les rapports humains. En effet, la galerie de personnages comporte des gens de tout sexe, âge et classe sociale, permettant donc de balayer largement les failles de notre société.

Ainsi, malgré une rupture de couleur et de style, Canevas est formé d’un univers commun composé de différentes teintes et de différents tons. 

Mêlant avec génie et maitrise des genres très diversifiés (SF, fantastique, historique), Tim en tire une toile riche et étonnante. J’ai été bluffée par son inventivité, aussi bien narrative que graphique et par la manière dont il traite de sujets très profonds en y mêlant de l’extraordinaire et du chimérique.
Canevas est une bande dessinée aux récits en rebond, dont la lecture vous incitera surement à tendre l’oreille la prochaine fois que vous franchissez la porte d’un bâtiment en ruine : vous pourriez avoir la chance d’entendre alors son histoire…

Je vous invite à lire le making-of de Canevas sur le blog dédié ici !

Tim Canevas

Éditions Lapin
Caroline

À propos Caroline

Chroniqueuse

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Un commentaire

  1. Merci pour cette très belle chronique qui fait vraiment chaud au cœur !

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